On tue les vieux !

On tue les vieux !

L’exclamation du Professeur Jacques Soubeyrand en 2006 a résonné avec l’expérience de cette aidante proche d’une parente décédée après 17 ans à vivre avec une maladie neurodégénérative. Sur-médicamentation, sous-alimentation, sédation… son témoignage livre un exemple criant des mauvais traitements que subissent certaines personnes âgées.

Un « génocide silencieux » est perpétré dans les structures hospitalières et les maisons de retraite. On tue les vieux, affirmait déjà le Professeur Jacques Soubeyrand en 2006. Le Professeur disait que :

« Seul un pays authentiquement moderne était capable de traiter les vieillards comme de pur déchets.

Les plus mal lotis seraient les « déments agressifs ». Pourtant leur agressivité est souvent elle-même induite par les comportements des aidants qui ne changent pas les couches ni les alèses pour que les patients aient des escarres et meurent plus vite…

Quant à ceux qui survivent l’hôpital on les recase dans des maisons de retraite inadaptées. Elles sont toutes sous-médicalisées, leurs pensionnaires sont dénutris et presque tous surmédicamentés, pour avoir la paix.

Pendant les canicules, les neuroleptiques et les benzodiazépines contribuent largement à la déshydratation des personnes âgées.

La marchandisation de la personne âgée est mise en place. Des délocalisations de patients seraient même dans l’air du temps. En Allemagne, un projet prévoit d’envoyer en Hongrie les malades Alzheimer, le personnel local y étant moins cher. »

Le professeur Soubeyrand (décédé le 8 mars 2017) doit se retourner dans sa tombe car onze ans plus tard je viens de vivre ces mêmes expériences avec ma propre mère !

Bon, ce n’est pas le même pays mais ce sont les mêmes méthodes bien reconnaissables. Je n’aurais jamais dû faire confiance à des médecins et infirmiers qui m’ont avoué plus tard qu’ils utilisaient la camisole physique et chimique parce que les déments sont des « emmerdeurs » et qu’il est bien plus facile de les droguer et de les attacher plutôt que de s’en occuper.

Malgré le fait que nous avons dû attendre plus de douze ans avant d’avoir le bon diagnostic de dégénérescence fronto-temporale (DFT), on se débrouillait plutôt bien. En fait, cela a complètement dérapé dès que j’ai pensé que des médecins sauraient nous aider. Leurs cocktails médicamenteux nous a apporté l’horreur !

La chasse aux sorcières était désormais ouverte (nous étions les sorcières) et aucune aide à espérer, sauf la police envoyée par les voisins pour « raison » que notre mère n’ avait pas sa place dans l’immeuble.

Depuis, je n’ai plus confiance et le hasard du moteur de recherche m’a fait trouver ces extraits du livre On tue les vieux ainsi qu’un texte de CNN-investigation The little red pill being pushed in the elderly. Je vous en conseille la lecture. L’histoire se répète. Le comble de l’horreur au service de l’argent facilement gagné !

« Oui, les vieux (déments ou non) coûtent cher à la société » : des paroles qui ouvrent les portes à toutes les dérives. Mais on oublie que nos anciens ont beaucoup apporté à cette même société et que la solidarité entre les générations devrait être une évidence.

Aidante proche, 63 ans, France

 

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Sources:

  • Extrait de l’article du quotidien du médecin (13 octobre 2006)
  • C. Fernandez, T. Pons, D. Prédali, Prof. J. Soubeyrand. 2006. On tue les vieux
  • CNN-investigation 2017. The little red pill being pushed in the elderly
  • OCDE Health policy studies. Care needed. Improving the lives of people with dementia
  • L’expérience de l’aidante elle-même

 

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